Alors que la menace nazie allait se refermer sur eux, Philippe, Esther, Jacqueline et Félix décident de fuir en zone libre et d'aller jusqu'à Nice, où doit se trouver Adrien, le petit frère d'Esther, qui aurait été recueilli par des restaurateurs.
Nice est occupée par l'armée italienne, a priori plus clémente avec les Juifs. Pourtant, la menace est là aussi omniprésente et tout nouvel arrivant est aussitôt épié dans ses moindres faits et gestes.
Grâce à de belles rencontres, les quatre amis vont mener leur enquête pour retrouver la trace d'Adrien.
Citations "Felipe sort de sa poche un bout de journal qu'il déplie pour découvrir une poignée d'olives dans laquelle il nous invite à piocher. Félix s'amuse à cracher les noyaux le plus loin possible en projetant son buste en avant. On entend le noyau qui fait un petit floup en rencontrant l'eau.
- Et celui qui doit nous renseigner... Tu sais... Pour le frère de...
- Il sera sur le rafiot que nous attendons. Il échangera sa place avec notre gars.
- Lui aussi, il cherche à se faire la belle ?
- Lui, c'est autre chose. Il revient d'Italie où il a été prendre des renseignements et des messages. Il doit passer en Afrique.
- En Afrique ?
- Des choses se préparent, là-bas, d'après mon Pépé. En Algérie ou au Maroc. Enfin quelque part. Une opération importante. Avec les Américains. Des gars d'ici vont les aider à préparer le terrain.
Je me souviens que mon père, comme les hommes de Mano, ne cessait de rêver d'un débarquement pour opposer
un nouveau front aux Allemands. Les uns rêvaient à la Sicile, les autres à la Provence, et certains à l'Afrique du Nord. p. 72
L'avis d'Histoire d'en lire
Direction le Sud
L'objectif de Pascal Ruter étant de couvrir au maximum les événements de la Seconde Guerre mondiale, il déplace ses jeunes héros et héroïnes vers le Sud de la France, et même à la frontière avec l'Italie, pour se rendre compte de la situation sur place.
L'armée italienne occupe plusieurs départements du Sud-Est de la France entre 1940 et 1943. Nombreux sont les Juifs à tenter d'y trouver refuge, l'armée italienne étant réputée pour être moins regardante envers eux.
L'arrivée des quatre amis nous montre que la situation est pourtant très difficile pour les Juifs et qu'ils sont tout autant menacés.
Et puis, ce déplacement dans le Sud, outre de se mettre en sécurité, se fait précisément à Nice parce que c'est là que se trouverait Adrien, le petit frère d'Esther. Cette quête, déjà mentionnée à la fin du premier tome, devient désormais le principal fil rouge de ce second volume.
Et pour tenter de la mener à bien, les quatre jeunes sont amenés à cheminer séparément pendant un temps.
Les filles se retrouvent en Italie, sur les traces du petit Adrien, alors que les garçons sont restés à Nice et sont même sans nouvelles d'elles !
Dès lors, même si Philippe reste le narrateur principal, il a fallu trouver un moyen de pouvoir suivre le cheminement des filles. Ce sont des pages du journal d'Esther qui viennent s'intercaler régulièrement entre deux chapitres, pour nous permettre d'être à leurs côtés, et d'avoir aussi un autre point de vue.
Les défaites allemandes Cette seconde période de la guerre est importante parce que les premiers retournements de situation en défaveur de l'Allemagne commencent dès 1943.
Et ce second tome les abordent à plusieurs reprises : l'ouverture du front russe, le débarquement en Afrique du Nord, l'organisation des réseaux de résistance, avec un long passage consacré au maquis du Vercors et à la grotte de la Luire.
Le vent tourne mais la menace pèse toujours autant, sinon plus.
Les arrestations sont toujours plus nombreuses, il n'y a plus un seul endroit où l'on peut se sentir en sécurité.
Ce second tome nous fait d'ailleurs bien ressentir la tension qui règne. Les quatre jeunes personnages sont directement menacés à plusieurs reprises, sont, certains, blessés ou malades.
Le rythme du récit est, de fait, beaucoup plus soutenu.
L'art en temps de guerre Autre thème récurrent dans cette duologie et surtout dans ce second tome, c'est la question de l'art.
Philippe aime beaucoup dessiner, surtout les portraits. Son arrivée à Nice l'amène à travailler dans une galerie (repaire du résistant Jean Moulin, lui aussi artiste) ; il dessine des portraits dans les rues pour quelques pièces ; il rencontre un certain Henri Matisse, qui, selon lui, peint assez mal et ne fera jamais parler de lui ; il dessine jusqu'à l'épuisement pour laisser évacuer toutes les émotions qu'il emmagasine.
Alors que le premier tome évoquait surtout les œuvres d'art confisquées aux Juifs (le programme Rosenberg), il est surtout question ici de l'art comme mode d'expression et comme moyen de se souvenir.