Été 1945, à Munich. "Josh", 12 ans, a vécu l'enfer dans les camps de concentration. Après la libération des camps par les Alliés, il erre sans parvenir à se souvenir de qui il est, d'où il vient. Il est blond, aux yeux bleus, pense ne pas être juif et dit s'appeler Siegfried Bruhns. Les Américains le prénomment Josh et le conduisent à l'orphelinat d'Indersdorf, en Allemagne. Josh est tiraillé entre son bras gauche tatoué et son bras droit toujours prêt à faire le salut hitlérien. Et que penser de ces mots polonais qu'il prononce dans son sommeil et dont témoigne une infirmière ? Aidé du personnel du Centre, d'un soldat noir américain, Wally, et d'autres orphelins, Josh entame un parcours du combattant, pour reconstituer ses souvenirs.
L'avis d'Histoire d'en lire
Après le succès de son roman Max, Sarah Cohen-Scali lui fait écho avec Orphelins 88, en continuant d'explorer le sujet du Lebensborn, ce programme nazi visant à sélectionner les enfants répondant parfaitement aux critères aryens. Max était un enfant né dans le cadre de ce programme. Ici, le héros, "Josh" a été enlevé pour ses attributs physiques correspondant à l'aryen parfait et a passé plusieurs années auprès d'un nazi. Josh a tout oublié de son passé, il se souvient seulement de ces quelques années pendant lesquelles il pensait être allemand, un orphelin 88, le chiffre 8 correspondant à la lettre H (Heil Hitler).
L'orphelinat d'Indersdorf est situé près de Dachau, en Allemagne, où a existé un important camp de concentration. Le centre accueille les centaines d'orphelins survivants de ce camp ou d'un autre. Du personnel est même dédié à la recherche de familles survivantes pour permettre à ces enfants de renouer avec leurs proches. La Team 182 du Centre s’attèle chaque jour à soigner ces petits pensionnaires, à leur accorder toute la liberté dont ils n'ont plus jouie depuis plusieurs années.
Josh souffre terriblement de la perte de sa mémoire. Pourtant, c'est avec beaucoup de courage et avec l'aide précieuse de plusieurs personnes qu'il grappille petit à petit des souvenirs, parvient à les mettre bout à bout pour retrouver son identité. Ce roman est l'histoire de cette quête identitaire, la sienne mais aussi celle des milliers d'autres orphelins qui ont tout perdu. Sarah Cohen-Scali s'appuie sur un contexte historique très bien documenté, même si elle se permet quelques modifications de dates pour les besoins de cette histoire.
La narration à la première personne renforce l'émotion qui ressort de ce roman. Découpé en trois grandes parties, le livre retrace le parcours de Siegfried-Josh-Jo-Jona de l'été 1945 à juillet 1946, dans la directe après-guerre, quand vient le temps de la reconstruction individuelle, collective et plus largement matérielle.
Orphelins 88 est une fiction poignante, souvent dure comme a pu l'être Max. Mais à travers ce récit, Sarah Cohen-Scali s'appuie évidemment sur la réalité historique et sur l'histoire de personnages qui ont réellement existé. Comme Josh, le lecteur engage ce travail de mémoire pour ne jamais oublier les horreurs de cette guerre.
Le programme Lebensborn (source Wikipédia) : Le Lebensborn [...] était une association de l'Allemagne nationale-socialiste, patronnée par l'État et gérée par la SS, dont le but était d'accélérer la création et le développement d'une race aryenne parfaitement pure et dominante. Le terme « Lebensborn » est un néologisme formé à partir de « Leben » (« vie ») et « Born » (« fontaine », en allemand ancien). Le journaliste, écrivain et cinéaste Marc Hillel l'a traduit en français par « Fontaines de vie ».
Le programme de création des Lebensborns vit le jour à l'initiative de Heinrich Himmler le 12 décembre 1935 dans le cadre de la politique d'eugénisme et de promotion des naissances. Il s'agissait à l'origine de foyers et de crèches, les pères, en grande majorité des SS, étaient invités à concevoir au moins quatre enfants avec leur épouse légitime. Par ailleurs, [...] durant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs dizaines de milliers d'enfants, dont les caractéristiques physiques correspondaient au « type aryen », furent arrachés à leurs parents dans les pays conquis pour être placés dans ces centres.