Juillet 1944, en Corse. Antoine de Saint-Éxupéry, 44 ans, est le plus vieil aviateur engagé dans le second conflit mondial. Il n'a le sentiment de vivre que lorsqu'il est dans les airs, aux commandes de son avion pour faire des prises de vues. Depuis le début de la guerre, Saint-Éxupéry a connu de nombreux accidents qui lui laissent de douloureux souvenirs physiques. Il ne craint pas la mort pourvu qu'elle le cueille en mission. Écrivain à succès depuis la parution de son conte philosophique Le Petit Prince, il est admiré par tous ses camarades, supérieurs et même bon nombre de soldats allemands qui ont découvert son œuvre. Le 31 juillet, Saint-Éxupéry s'envole vers Marseille pour effectuer des photographies. La météo ne lui permettant pas de remplir sa mission, il change de trajectoire et est rapidement repéré par les radars allemands. Horst Rippert, pilote de la Luftwaffe, décolle à son tour.
L'avis d'Histoire d'en lire
Quand on pense à Antoine de Saint-Éxupéry, on pense tout de suite à son œuvre mondialement connue, Le petit Prince. Oui mais Saint-Éxupéry était un écrivain bien particulier. Depuis tout petit, il était aussi passionné d'avion et a pu devenir pilote. Pas étonnant donc qu'on le retrouve engagé pendant la Seconde Guerre mondiale. Quoique l'homme vient de fêter ses 44 ans en 1944 et aurait donc du déjà raccrocher depuis plusieurs années. Mais Saint-Éxupéry ne vit pleinement qu'en étant en vol et c'est ainsi qu'il parvient toujours à obtenir de nouvelles missions auprès de ses supérieurs.
En un peu plus de 110 pages, Arthur Ténor retrace minutieusement les 30 et 31 juillet 1944. De la dernière nuit d'Antoine de Saint-Exupéry à sa disparition au large de Marseille. Nous suivons pas à pas sa nuit, son début de journée du 31 juillet, son envol un peu précipité sans avoir pris le temps de saluer son ami et supérieur, l'échec de sa mission de reconnaissance à cause du mauvais temps, son changement de trajectoire, le décollage de l'avion allemand piloté par Horst Rippert, qui quelques instants plus tard abat cet avion français.
La mort d'Antoine de Saint-Éxupéry reste un mystère, Arthur Ténor a choisi de développer ici l'hypothèse selon laquelle l'avion de l'écrivain aurait été abattu par l'allemand Horst Rippert, qui a lui-même témoigné dans les années 2000. Arthur Ténor s'appuie donc sur les faits historiques connus, les témoignages, pour offrir un récit concordant et passionnant. Le mystère reste entier mais l'auteur nous a présenté l'écrivain comme nous ne le connaissions pas. Et j'ai beaucoup aimé les références régulières au Petit prince tout au long du texte, jusqu'à ce que Saint-Éxupéry soit à son tour rattraper par la beauté de son imaginaire.
Le livre se conclut d'ailleurs par un entretien d'Arthur Ténor avec l'écrivain et historien Jean-Pierre Guéno qui nous offre une lecture inédite du Petit Prince.