Artisan boucher depuis son plus jeune âge, Philippe Piétrain, 58 ans en 1914, espère enfin goûter à une retraite bien méritée. Sauf que la boucherie allemande explose et envahit le territoire français. Lui, le fin défenseur de la gastronomie française ne peut pas laisser faire cela. Joseph Jouffre fait justement appel à lui. Philippe Piétrain rejoint les abattoirs de Verdun où les conditions de production sont démultipliées. Il faut rapidement rétablir une productivité de qualité pour supplanter la boucherie allemande. Piétrain est l'homme de la situation.
L'avis d'Histoire d'en lire
Après son roman grinçant Adolf, roman hystérique, Olivier Costes continue sa caricature des personnages historiques avec Mondiale boucherie dont le héros principal est Philippe Pétain (Piétrain dans le livre), entre 1914 et 1945.
Ici, Philippe Piétrain est le chef suprême de la boucherie française. Une boucherie qui n'est autre que la Première Guerre mondiale, puis la Seconde abordée plus rapidement. Les soldats sont le bétail, les chefs les bouchers. Utilisant un large lexique propre à la boucherie, à la viande, aux animaux, Olivier Costes revisite complètement ces conflits, les transformant en abattoirs géants à ciel ouvert. Les descriptions satiriques sont très crues, à la limite du supportable pour certaines.
Passant continuellement de l'Histoire à la satire, Olivier Costes met en lumière toute l'absurdité, l'horreur, le coût énorme en vies humaines, en moyens financiers, en territoires de la Grande Guerre. Certes considéré comme le sauveur de Verdun, Philippe Piétrain est bien comme les autres dirigeants, assoiffé de pouvoir. C'est aussi un grand séducteur et l'auteur se plaît beaucoup à rappeler ce côté tout au long du roman.
Mondiale boucherie est donc un roman à double visée. Roman historique puisque le contexte évoqué est bien celui de la Première Guerre mondiale en grande partie, puis quelque peu de la Seconde avec comme protagonistes, les grands personnages historiques de l'époque (Pétain, de Gaulle, Foch, Joffre, Nivelle...). Mais c'est aussi une véritable critique de la société de consommation actuelle, la surproduction animale et surtout les conditions de production qui ignorent totalement et volontairement le bien-être animal (animaux en cage, production hors-sol...).
Mondiale boucherie a obtenu le Prix Jean-Claude Izzo 2015.