Joséphine Baker est une artiste noire d'origine américaine. Mais c'est à la France qu'elle doit son immense succès. Alors quand débute la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939, Joséphine Baker entre tout de suite en résistance. Et elle va user de sa notoriété pour être, comme elle se décrit, une "honorable correspondante". Son statut de star lui permet de côtoyer les personnalités du monde entier et d'entendre de nombreuses informations importantes. C'est ainsi qu'elle devient une espionne et un maillon essentiel de la Résistance.
Citations "- Vos papiers ! grogne le plus petit des deux policiers.
Abtey retient sa respiration. Les papiers de Joséphine sont parfaitement en règle. Les siens sont faux. Il craint que sa nouvelle identité, Jacques-François Hébert, ne résiste pas à un contrôle approfondi. Tout va dépendre de la réaction de Joséphine...
- Vos papiers ! répète le policier avec un ton de roquet.
Joséphine Baker détourne enfin le visage de la vitre, relève le menton légèrement et regarde les douaniers avec un large sourire aimable. À sa vue, le douanier ouvre la bouche, stupéfait.
- Vous... Vous êtes Joséphine Baker ? bredouille-t-il.
Elle continue de sourire, amusée, les yeux pétillants.
Le policier regarde son acolyte avec un air incrédule puis retourne à la chanteuse.
- J'i... J'ignorais que vous voyagiez dans ce train." p. 46
L'avis d'Histoire d'en lire
Les résistants pendant la Seconde Guerre mondiale étaient de toutes origines : intellectuels, artistes, ouvriers... hommes et femmes, parfois anonymes ou parfois connus du grand public. C'est le cas de Joséphine Baker, l'une des plus grandes artistes entre les années 1930 et 1970.
Joséphine Baker, une espionne pour la Résistance À travers ce roman, Sophie de Mullenheim retrace l'engagement incroyable de Joséphine Baker pendant toute la Seconde Guerre mondiale.
Elle rappelle rapidement que Joséphine Baker est d'origine américaine mais que c'est la France qui lui a ouvert les bras et lui a permis d'être la star qu'elle est devenue. Aux États-Unis, au XXe siècle, les Noirs subissaient la ségrégation, dans tous les milieux.
Alors le plus naturellement du monde, Joséphine Baker était bien décidée à rendre à la France ce qu'elle lui avait offert et n'a pas hésité une seconde à s'engager dans la Résistance, dès les premiers jours du conflit.
Joséphine Baker n'emploie jamais le mot espionne, elle se décrit comme "une honorable correspondante" et use sans limite de sa notoriété pour obtenir toutes les informations qu'elle veut. Sa célébrité est telle, que personne ne vient la soupçonner et elle en joue ! Joséphine peut agir à visage découvert.
Construit de manière chronologique, le roman nous montre comme Joséphine n'a eu de cesse de chanter, danser gratuitement pour les soldats, apporter son aide dans un centre d'accueil. Elle s'est donnée et a donné sans compter, parcourant le monde entier, même pendant la guerre.
Au point même que sa santé se détériore.
Son secrétaire Jacques-François Hébert n'est autre qu'un capitaine de police mais suivra fidèlement l'artiste dans tous ses déplacements.
Du côté allemand... Sophie de Mullenheim rend un magnifique hommage à Joséphine Baker, décédée le 12 avril 1975 et entrée au Panthéon le 30 novembre 2021.
Pour pimenter le récit, elle a imaginé le travail d'investigation d'un sergent allemand, le sergent Meyer, qui se démène pendant des mois pour prouver à sa hiérarchie que Joséphine Baker est bien une espionne française et même de premier choix !
Les chapitres mettant en scène ce sergent alternent avec ceux dans lesquels on suit Joséphine. Écrits en italique, ils nous permettent de suivre l'avancée de l'enquête et l'on craint de plus en plus pour l'artiste. Le sergent Meyer a réuni de nombreuses preuves contre Joséphine Baker et entend bien les dévoiler à sa hiérarchie !
Ces passages sont très intéressants, parce qu'ils montrent clairement que les Allemands ne soupçonnaient pas Joséphine Baker parce qu'elle était justement bien trop connue !
Le roman est accompagné de plusieurs illustrations pleine page d'Alice Dussutour. Un style de dessin numérique très moderne, mais qui manque de sensibilité.