João ou l'année des révolutions, du Portugal au Val-de-Marne

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Résumé

En 1974, João et sa famille portugaise sont installés en France depuis plusieurs années. Ils vivent très exactement à Champigny-sur-Marne, dans le Val-de-Marne. João n'avait que trois ans quand son père est parti en France pour échapper au service militaire portugais et aux guerres coloniales. C'est un homme déterminé qui a préféré fuir le régime de Salazar pour mettre sa famille à l'abri et continuer à la nourrir. Mais maintenant, le père de João est un ouvrier soumis. Comme des milliers d'autres immigrés portugais, il travaille sur un chantier de construction. Il a pu obtenir des fiches de paie et une protection sociale mais c'est loin d'être le cas pour les autres. Il faudrait réagir, obliger les patrons à être en règle avec la loi. Mais comment défendre ses droits de travailleur immigré sans mettre en danger sa famille restée au Portugal ? A moins que les choses ne changent grâce à la Révolution des Œillets du 25 avril 1974 qui entraîne le renversement de Salazar.

L'avis d'Histoire d'en lire

La présence de la communauté portugaise en France remonte aux années 1960-1970. Le récit João ou l'année des révolutions, du Portugal au Val-de-Marne prend l'exemple d'une famille portugaise dont le père a immigré en France en 1966 pour échapper au service militaire et à la guerre coloniale. Comme des milliers d'autres Portugais, il a refusé d'aller combattre sur des terres qu'il ne connaissait pas, contre des populations innocentes. Il fait donc partie de ces insoumis qui ont préféré quitter leur pays natal pour trouver une nouvelle terre d'accueil. A travers le narrateur João, Valentine Goby montre clairement que ce choix a été extrêmement difficile. Quitter son pays est toujours un crève-cœur. C'est une décision courageuse, dictée par la volonté d'épargner les siens, de leur permettre de vivre dans de meilleures conditions, même s'il faut pour cela s'installer dans un pays dont on ne connaît rien, pas même la langue.

En France, les immigrés portugais sont nombreux à travailler sur des chantiers de construction. Comme décrit clairement dans le livre, la grande majorité d'entre eux ne bénéficie pas de fiche de paie, ni de protection sociale. Les employeurs profitent de leur situation pour les exploiter à moindre coût. Mais comment faire le poids face à ces patrons ? Il est déjà si difficile de s'intégrer, alors comment trouver la force aussi pour faire valoir ses droits ?

João est le témoin de tout cela et en tant que fils de travailleur immigré, il souffre énormément de l'absence de son père, de la distance envers eux, de la résignation de celui-ci alors que d'autres, comme le père de son meilleur ami, tente de faire bouger les choses. Dans ce genre de cas, les enfants sont toujours bien trop jeunes pour comprendre la situation et les difficultés rencontrées. João en est le parfait exemple.

Aussi ce garçon a-t-il choisi d'exprimer ses sentiments à travers ses dessins. Des dessins qui témoignent de son quotidien en France, du caractère taciturne et distant de son père, de la colère de sa mère. Ce sont tous ces dessins, réalisés par Philippe de Kemmeter, que nous retrouvons au fil des pages de l'album et qui illustrent parfaitement chaque chapitre.

Et puis, bien sûr, survient la délivrance avec l'annonce de la Révolution des Œillets, le 25 avril 1974 et la chute du régime de Salazar. La famille peut ainsi revenir au Portugal, visiter ceux qu'elle avait du laisser derrière elle. Mais la raison est la plus forte. João et ses parents ont réussi à s'intégrer dans leur village de Champigny-sur-Marne, c'est donc ici qu'ils resteront.

Un très bel album expliquant clairement l'histoire de l'immigration portugaise. Un dossier documentaire présent en fin de livre apporte des informations complémentaires sur les raisons de l'immigration des Portugais en France dans les années 1960, la vie dans le bidonville de Champigny, les conditions de travail, la Révolution des Œillets.

Un livre édité en collaboration avec la Cité nationale de l'histoire de l'immigration.