Claude-Marie Boucaud est mobilisé en décembre 1914, à tout juste 19 ans. Après plusieurs mois d'entraînement intensif dans des camps militaires, Claude-Marie est hospitalisé et opéré pour une hernie. Bien qu'il se soit rétabli, il n'intègre pas un régiment de fantassin et devient armurier mitrailleur. Blessé pendant la bataille de la Somme puis au chemin des Dames, Claude-Marie Boucaud retrouve son régiment à l'été 1917. Lorsque la guerre se termine enfin, il peut redevenir un homme. En 1919, il devient cheminot, rencontre sa future épouse et se marie l'année suivante. En 2003, Claude-Marie Boucaud a reçu les honneurs de la République de la part du Président Jacques Chirac. Il s'est éteint en mai 2005 à l'âge de 110 ans.
Albert Thibaut est incorporé dans un régiment d'infanterie en 1915, il n'a alors que 18 ans. Nommé rapidement caporal, il est formé pendant plusieurs mois à Digne, puis près de Toulon. C'est en avril 1917 qu'il connaît son baptême du feu près du chemin des Dames. Devenu sergent, il conduit son régiment à Verdun. Le 3 septembre 1917, il est grièvement blessé au pied droit et doit être amputé. Dès la fin de la guerre, Albert Thibaut entend vite reprendre goût à la vie. Il est décédé en 2004 à l'âge de 107 ans.
Ferdinand Gilson est mobilisé en avril 1917. Il vit à Paris et est formé comme mécanicien outilleur chez un patron allemand ! Ainsi Ferdinand n'a jamais éprouvé la moindre haine envers le peuple allemand mais était totalement contre la volonté de Guillaume II d'étendre l'empire allemand. D'abord intégré dans un régiment de fantassin, il change finalement d'affection à cause ou plutôt grâce à ses pieds plats ! Formé pour être sous-officier d'artillerie, il vit son baptême du feu en mars 1918. Asphyxié à deux reprises par les gaz, Ferdinand Gilson réussit pourtant à se rétablir.
Après la guerre, il se marie et poursuit son apprentissage des langues vivantes. Ferdinand Gilson a été heureux d'assister à la réconciliation franco-allemande. Il s'est éteint en février 2006, à l'âge de 108 ans.
L'avis d'Histoire d'en lire
Publié pour la première fois en 2004, le recueil J'ai vécu la Première Guerre mondiale a été réédité une première fois en 2014, puis en 2018 pour le Centenaire de la Grande Guerre.
Car même si c'est ce livre est catégorisé comme documentaire, il est avant tout un recueil de témoignages de trois survivants de la guerre de 14-18 : Claude-Marie Boucaud, Albert Thibaut et Ferdinand Gilson, tout trois décédés entre 2004 et 2006.
L'auteur et journaliste Jean-Yves Dana a rencontré ces vétérans au printemps 2004 et a recueilli leur témoignage. Chacun se présente, parle de sa jeunesse, du début de la guerre, de sa mobilisation, de son rôle et bien sûr de ce qu'il a vécu très directement. Avec beaucoup de pudeur et bien sûr d'émotion, ces trois hommes nous font vivre leur guerre, l'un comme armurier mitrailleur, le second dans l'infanterie, le troisième dans l'artillerie. Trois parcours différents mais qui regroupent la même réalité : l'horreur ! Trois hommes profondément marqués par ce qu'ils ont vécu mais pour qui la vie a très vite repris le dessus dès le conflit terminé.
Chaque témoignage est accompagné de photos d'époque de ces soldats, d'objets leur ayant appartenu. Et le livre se termine par un dossier documentaire qui retrace le déroulement de la Première Guerre mondiale. Un excellent ouvrage pour mieux comprendre la guerre entre récit et informations documentaires.