1942. En France, la guerre est normalement terminée, les Allemands occupent la majeure partie du pays. Il est interdit, entre autre, d'écouter la radio. Pourtant, se cachant derrière un tas de bois, un petit garçon entend des phrases étranges à la radio qu'écoutent son père et des amis : "La lune est pleine d'éléphants verts", "Les girafes ne portent pas de faux cols", "Le cheval bleu se promène sur l'horizon" et tant d'autres messages personnels de ce type-là. Ça a l'air drôle, pourtant son père et les amis qui l'entourent prennent cela très au sérieux. Ils n'ont peut-être pas d'armes, mais ils ont leurs mots et leur poésie pour combattre l'ennemi allemand.
L'avis d'Histoire d'en lire
Ici Londres est un album conçu sur une idée de Vincent Cuvellier et c'est en même temps un magnifique travail de groupe qui s'est concrétisé là. Sur son blog, l'auteur précise qu'il souhaitait aborder la Seconde Guerre mondiale et la Résistance à sa façon. Plutôt que de partir sur un roman historique classique, il a eu l'idée de sélectionner des phrases émises par Radio Londres à l'attention des résistants. Si on se met à la place du petit garçon qui les entend, elles prêtent effectivement à sourire, on n'en perçoit pas le sens direct. Pourtant, c'est toute une poésie qu'il y a là, une poésie qui va unifier tout un groupe d'hommes et de femmes, afin d'être plus fort que les armes des Allemands.
Vincent Cuvellier a donc écrit le petit texte de départ et a sélectionné les dix-sept messages codés mis en images par l'illustratrice Anne Herbauts. On a l'impression d'être transporté dans un monde à part, pourtant il faut essayer de se mettre à la place du garçon et de se rappeler ce monde d'interdits de l'époque. Ecouter la radio n'était pas une chose anodine, toutes ces paroles avaient donc une signification bien précise pour qui savaient les comprendre.
L'historienne Aurélie Luneau apporte davantage d'informations sur le contexte historique avec un journal retraçant l'histoire de Radio Londres.
Pour que cet album soit absolument complet, on trouve également un CD d'une vingtaine de minutes avec des archives sonores de l'INA et une musique électro très moderne d'Olivier Mellano.
Malgré le format album, c'est un livre qui s'adresse à des lecteurs de niveau fin primaire, début collège minimum, et encore en étant accompagné pour saisir toute la portée de ce récit et des illustrations. Une seule lecture sans autre explication dérouterait certainement.