Dans la chaleur du mois de juin 1962, à Oran, le jeune Maurice, dit Momo, se rend, sans savoir pour quelle raison, chez sa tante Rosine. Il est avec son petit frère, Alain, qui n'est encore qu'un bébé. Leurs parents ont disparu, Momo cherche à tout prix de l'aide, notamment pour s'occuper du bébé. Arrivés à la maison de leur tante, Momo ne peut que constater que celle-ci aussi est absente. En repartant, il croise sur la route des militaires algériens qui surveillent des prisonniers rangés en file indienne. Momo est complètement désemparé et ne sait plus où aller. C'est alors qu'Imran, un vieux maraîcher qui avait l'habitude de servir sa mère sur le marché lui ordonne de monter dans sa carriole. Le vieil homme emmène Momo et Alain au bled. Là-bas, Rafika, une jeune indigène s'occupe tout de suite d'Alain et le fait téter, au même titre que son propre fils, qui est là aussi. Malgré leur accueil, leur générosité, Momo et son frère ne peuvent pas rester indéfiniment avec Imran et sa famille. Momo est un Français d'Algérie et depuis toujours, les deux communautés cohabitent sans jamais se mêler vraiment. Et avec l'indépendance du pays, les Algériens ont un esprit de vengeance.
L'avis d'Histoire d'en lire
Dans son roman La Guerre au bout du couloir, Christophe Léon aborde ce qu'on appelle "les évènements" d'Algérie, c'est-à-dire la guerre d'Algérie et ici, plus précisément, la fin de ce conflit et l'indépendance du pays proclamée le 5 juillet 1962. Le jeune Maurice, dit Momo (nous ne connaissons pas son âge) est le narrateur du récit. A travers ses yeux, nous vivons ces évènements, le bouleversement de la vie quotidienne pour les Français d'Algérie comme lui et la reprise en mains du pays par les Algériens. Alors que les deux communautés parvenaient à vivre côte-à-côte depuis de nombreuses années, sans toutefois trop se mêler, celles-ci se déchirent dorénavant et les Algériens aspirent clairement à la vengeance.
Outre la description des faits, Momo revient aussi en alternance sur des souvenirs du passé. Il rappelle les discours de ses parents et surtout de son père qui avait de nombreux préjugés concernant ceux qu'ils appellent les "indigènes". Ce sont immanquablement des attitudes comme celles-ci qui poussent à la révolte de ceux qui les subissent. Mais Momo tempère beaucoup ces discours car il est véritablement sauvé par le vieil Imran et sa famille et il découvre alors que ces gens ne sont pas du tout comme son père les décrivait. Cette famille est généreuse, accueillante, aimante. Momo se fait même un ami, Zakaria.
Roman avec des touches d'humour au début, il glisse doucement vers des moments beaucoup plus tragiques. Malgré tout, Christophe Léon a fait le choix judicieux de suggérer la haine et la violence, sans jamais la décrire en détails. Pour le lecteur, ces passages sont beaucoup plus forts.
En complément, je vous invite à lire la chronique du site Ricochet au sujet du roman La Guerre au bout du couloir de Christophe LEON.