En mai 1940, Rémy Langevin, élève de 13 ans au lycée Buffon de Paris, apprend la mort de son père, soldat engagé sur le front contre l'ennemi allemand. Sa mère est profondément bouleversée et change d'attitude envers Rémy. Plus sèche et moins permissive, elle a aussi basculé dans le camp des pétainistes. Mme Langevin pense que son mari est mort à cause des Juifs, et à ce titre, ne cesse d'épier une famille qui vit dans le même immeuble. Rémy, lui, est dégoûté par l'attitude de sa mère. Il envisage plutôt d'entrer en résistance pour faire la guerre aux Nazis qui occupent Paris depuis juin 1940. Le jeune officier de la Gestapo, Otto Krenz, a d'ailleurs rapidement fait les frais de cette haine de Rémy et de son ami François. Le garçon lui a méchamment écrasé le pied et depuis, l'officier le suit de très près, voyant dans ce collégien une graine de résistant, qui pourrait le conduire à démanteler tout un réseau.
L'avis d'Histoire d'en lire
Graine de résistant est un roman d'Arthur, paru initialement en 2005 aux éditions Magnard. Dix ans plus tard, les éditions Oskar republient ce livre abordant la Seconde Guerre mondiale et l'Occupation allemande, dans la collection Histoire, dédiée aux ados.
L'intrigue se déroule en 1940-1941. En mai 1940, l'armée française est mise en déroute par les soldats allemands et le maréchal Pétain, nouveau président du gouvernement, demande de signer l'armistice. Les Nazis occupent une grande partie du territoire française, à commencer par Paris où se situe l'action. Et très vite, deux camps se distinguent : les pétainistes qui appuient la décision du maréchal, les résistants qui s'organisent pour nuire et faire la guerre à l'occupant. La famille de Rémy Langevin en est l'exemple parfait. Le père mort sur le front, sa mère affiche clairement sa position pétainiste, alors que le collégien refuse catégoriquement la défaite, l'occupation nazie et envisage sérieusement de devenir résistant. Tout au long du roman, la situation est extrêmement tendue entre eux. L'amour de la mère de Rémy est-il réellement sincère ? Le garçon peut-il la laisser tomber et rester fidèle à ses idées ? Le lien filial et maternel est profondément mis en mal. D'autant plus que Rémy est plusieurs fois témoin de la présence de l'officier nazi Krenz, chez lui !
Car, c'est tout un "jeu" du chat et de la souris qui s'instaure entre Rémy et Krenz. Le garçon lui a écrasé le pied, au début de l'occupation, l'officier n'aura de cesse de traquer l'adolescent, pensant qu'il peut le mener jusqu'à un gros réseau de résistance. Profondément haineux envers les Allemands, Rémy est pourtant sans cesse tirailler. Il veut devenir résistant mais saura-t-il commettre des actes sanglants ? Comment agir ? Peut-il faire confiance, alors qu'on lui propose enfin d'intégrer un groupe ? La méfiance et l'incertitude sont permanentes.
Et puis, il y a quelque chose qui retient Rémy. C'est l'amour qu'il porte à sa voisine, Marie. En prenant de si gros risques, il craint de la perdre, de mourir sous la torture des nazis. Leur idylle est la touche de douceur, de bonheur dans ce monde mis à mal par la guerre, la mort, les privations de toutes sortes.
Graine de résistant est un roman historique prenant. Prenant par son sujet, le contexte historique bien décrit. Outre la division de la population, Arthur Ténor précise les conditions de vie en ce temps d'occupation, avec les restrictions alimentaires, le couvre-feu, la délation, la peur permanente générée par l'occupant. En plaçant son récit en partie au sein du lycée Buffon de Paris, il nous invite à nous souvenir des cinq martyrs de cet établissement, dont on découvre les photos à la fin du livre.
Le livre est prenant aussi par le rythme imprimé au récit. L'atmosphère est tendue, le ballet entre Rémy et Krenz est terriblement inquiétant. Les événements s'enchaînent rapidement, laissant entrevoir une fin terrible.
A découvrir à partir de 12-13 ans. Vous ne serez pas déçu !