Jacques Pâris de Bollardière est l'un des plus jeunes généraux. Envoyé en Algérie en 1957, cet homme a déjà vaillamment œuvré pendant la Seconde Guerre mondiale en tant que résistant. Dès son arrivée sur le sol algérien, les ordres tombent. Il faut impérativement mater la population, traquer sans relâche les fellagha, ces combattants du Front de libération nationale (FLN) qui luttent pour l'indépendance de l'Algérie. Et pour cela, la torture, la violence sont largement utilisées. Le général de Bollardière préfère, lui, développer des relations de confiance avec les Algériens, par le dialogue, une attitude respectueuse. Ses supérieurs s'y opposent. Le général n'a pas d'autre choix que de renoncer à sa carrière. Mais il n'en reste pas là malgré tout. Revenu au civil, il continue d’œuvrer et de dénoncer ouvertement l'usage de la torture.
L'avis d'Histoire d'en lire
Entre roman et documentaire, Général de Bollardière : "non à la torture" de Jessie Magana raconte la fin de la carrière de ce jeune général qui s'est fermement opposé à l'usage de la torture pendant la guerre d'Algérie. On comprend dès le début du livre que ses idées lui viennent de ses études de philosophie qui l'amènent à réfléchir toujours sur le bien-fondé des choses. Mais on constate rapidement que cet esprit de tolérance et d'ouverture n'est pas compatible avec les ordres donnés en Algérie. Ses supérieurs sont formels : la violence doit répondre à la violence du FLN, même si des innocents en périssent.
Ce livre est une parfaite synthèse sur le combat mené par le général de Bollardière et il n'y a pas forcément besoin de plus. L'essentiel est dit pour découvrir cet homme et son combat qui ne fait que commencer à l'arrêt de sa carrière militaire.
Pour son récit, l'autrice a fait le choix d'alterner entre le général Jacques et un autre militaire, Raymond qui a côtoyé de près le général. Et ce second point de vue écrit à la première personne est d'ailleurs très intéressant car il montre quelqu'un qui a été embarqué par la spirale de la torture, qui l'a pratiquée mais qui en souffre terriblement par la suite.
Le récit se termine par un passage en 2004 alors que la femme du défunt général de Bollardière vient présenter dans un cinéma un film consacré à son époux. Une belle forme d'hommage.
Un dossier documentaire apporte des éléments complémentaires concernant les droits de l'homme contre la torture, la rupture pendant la guerre d'Algérie, un état des lieux de la torture dans le monde à la fin du XXe siècle. Pour finir complètement, on peut voir des photos d'archives du général de Bollardière et d'autres personnalités mentionnées dans le dossier.
Un texte fort, direct qui invite à s'intéresser à un aspect précis de la guerre d'Algérie, tout en amenant une réflexion plus large sur le thème de la torture.