En 1959, alors que la guerre fait rage depuis déjà 5 ans en Algérie, les populations peinent de plus en plus à se nourrir. Nombreux sont les hommes qui choisissent de quitter le pays et d'aller en France pour travailler dans les usines, sur des chantiers et ainsi envoyer une partie de leur salaire à la famille restée au pays. Belkacem est de ceux-là. Mais il part aussi avec sa femme et ses trois enfants. Ils débarquent à Marseille et déchantent aussitôt. Ce n'est pas une maison qui les attend mais un bidonville où s'entassent déjà beaucoup d'autres Algériens. Les conditions de vie sont des plus précaires. Ne voulant pas se résigner, Belkacem et sa famille se rendent à Paris sur les conseils d'un cafetier algérien. Là-bas, ils espèrent enfin pouvoir vivre dignement. Pourtant, ils se retrouvent dans la même misère à Nanterre.
Les Musulmans d'Algérie sont sans cesse insultés, humiliés, méprisés. Désireux que cela change enfin, le FLN organise une grande manifestation pacifique le 17 octobre 1961, à Paris. Mais cette nuit-là, des centaines d'Algériens sont violentés, assassinés par la police aux ordres du préfet, Maurice Papon.
L'avis d'Histoire d'en lire
L'auteur Ahmed Kalouaz se pose ici en véritable passeur de mémoire en nous proposant ce texte retraçant les évènements du 17 octobre 1961.
Le narrateur est le petit-fils de Belkacem qui part avec sa famille s'installer en France. Malgré tout ce qu'ils ont subi, ils ont fait le choix de rester en France après l'indépendance de l'Algérie. Alors que la Seconde Guerre mondiale s'achevait avec la découverte des horreurs perpétrées contre les Juifs, la France n'hésite pas à commettre de nouvelles violences contre les Musulmans d'Algérie venus en métropole. Alors que l'auteur écrit dans un style direct, sans chercher à enrober, on sent toute la tension qui monte au fil des pages jusqu'aux évènements en question. Ces Musulmans sont déjà contraints de vivre dans une misère la plus totale, on ne veut pas croire qu'il puisse leur arriver encore pire ! Et pourtant... Le racisme est omniprésent et est alimenté par les plus hautes sphères de l'Etat.
Ahmed Kalouaz aborde ici l'un des pans les plus noirs de l'histoire française avec des descriptions dures et parfois crues. Mais c'est cette dureté qui permet de toucher les consciences alors que le racisme est toujours aussi présent de nos jours.
Un dossier complète ce roman avec un entretien avec Didier Daeninckx qui revient sur les circonstances et le déroulement de cette manifestation du 17 octobre 1961 ; et le témoignage d'un policier ayant participé à cet évènement.