Décembre 1917, à proximité du front des Vosges.
Rudolf et son cousin Mathias ont découvert deux soldats blessés, près de la ferme. Ils décident de les cacher dans l'étable, en attendant qu'ils soient suffisamment remis de leurs blessures pour regagner leurs camps respectifs.
Mais lorsqu'ils reprennent leurs esprits, Jean le soldat français et Hermann le soldat allemand sont prêts à en découdre ! Pourtant, que font-ils là, loin de leurs régiments ? Ont-il déserté ? Si le gendarme Schröder, habitué à venir à la ferme pour réquisitionner la nourriture, les découvre, ils risquent le peloton d'exécution !
Aidés de Marthe, la sœur de Rudolf et de leur grand-père, ils vont tout faire pour aider ces deux soldats, quelque soit leur nationalité.
Citations "Soudain, l'animal s'arrête. Les enfants, arrivant à sa hauteur, découvrent alors un spectacle des plus effroyables : immobiles et à moitié ensevelis dans la neige, deux formes humaines gisent, la tête enfouie dans le sol. Deux formes humaines blessées. Les taches rouges sur le manteau de neige en témoignent.
- Des soldats, chuchote Rudolf dans l'oreille de son cousin en le tirant en arrière par la veste. Là, un casque à pointe. Ce sont des Allemands ?
- Sans doute, à ce qu'on peut voir, d'après l'uniforme vert-de-gris de celui-ci, explique Mathias en pointant l'un des deux hommes.
- Et l'autre ? Où a-t-il pu perdre sa veste ? Il n'a qu'un tricot de laine et aucun casque d'acier." p. 26-27
L'avis d'Histoire d'en lire
L'Alsace-Lorraine pendant la Première Guerre mondiale. C'est le sujet central du roman Deux soldats dans la neige de Florence Jenner-Metz.
Un territoire allemand, anciennement français
Les cours d'Histoire nous ont appris que l'Alsace-Lorraine redevient française, suite à la victoire de 1918. Sa restitution faisait partie des clauses du traité de paix signé avec l'Allemagne.
Or, ce qu'on oublie trop souvent, c'est que le territoire appartenait à l'Empire allemand depuis 1871 !
Et c'est précisément sur ce contexte que s'appuie l'autrice pour construire tout son récit.
Florian Hensel, docteur en histoire et directeur du Comité du Monument national du Hartmannswillerkopf, développe davantage le propos dans le cahier historique, en fin de roman.
La famille Meyer est d'ailleurs l'exemple type de cette double identité, fil conducteur du roman. Les jeunes héros et héroïne sont nés allemands, et sont donc davantage attachés à l'Empire allemand. Mais cela n'a pas empêché le père de Mathias de s'engager dans le camp français !
La guerre dans les Vosges
Florence Jenner-Metz place son récit dans les Vosges, seul front de montagne pendant la guerre de 1914-1918. Un terrain très accidenté avec un climat rude. Elle décrit le quotidien des habitants restés à l'arrière, femmes, enfants, personnes âgées. Il faut remplacer les hommes dans les usines et aux champs. La nourriture est réquisitionnée par l'armée et rationnée. Par ses illustrations en noir et blanc, ouvrant chaque chapitre, Benjamin Strickler, restitue également cette réalité.
Tout en optant pour ce point de vue, elle décrit aussi les paysages et les conditions qui doivent être celles des soldats en cet hiver 1917.
Des soldats bien loin de leurs familles, comme c'est le cas pour Jean le Français et Hermann l'Allemand. Deux hommes que des nationalités opposent, mais c'est sans compter sur Rudolf, Mathias et Marthe qui, eux, ne se préoccupent pas du tout de cela !
Il faut plutôt les sauver, les cacher, empêcher qu'ils ne soient découverts par les Feldgendarmes, parce qu'ils seraient, sinon, condamnés à mort, pour être sans doute considérés comme des déserteurs. En tout cas, en ce qui concerne Hermann...
Un récit riche en action et rebondissements. Et malgré toute la tension liée au contexte, Florence Jenner-Metz amène quelques touches d'humour bienvenues.