Irène et Eve sont les deux filles des célèbres Pierre et Marie Curie, prix Nobel de physique pour leurs recherches sur le radium. Pierre, qu'elles appellent Pé, est mort d'un accident en 1906. Et leur mère, Mé, est trop souvent absente, accaparée par ses recherches et ses travaux à L'Institut du radium à Paris. Même si elles sont très proches, les deux sœurs souffrent cruellement de cette absence, d'autant plus lorsqu'elles passent les vacances en Bretagne à l'Arcouest.
Et le cours des choses est encore bouleversé alors qu'éclate la guerre en août 1914. Passionnée par les sciences comme ses parents, Irène, âgée de 17 ans, part avec sa mère près du front pour radiographier les nombreux blessés qui arrivent et faciliter les opérations chirurgicales. Âgée de seulement 10 ans, Eve, plutôt littéraire et artiste, entre au collège. Mais gagnée par la solitude, ses résultats scolaires sont en déclin. Elle aussi aimerait pourtant contribuer à l'effort de guerre. Lorsque sa professeur propose à ses élèves de devenir marraines de poilus, Eve n'hésite pas une seconde !
L'avis d'Histoire d'en lire
Fine plume de la littérature jeunesse, Béatrice Nicodème nous entraîne avec ce roman dans les horreurs de la Première Guerre mondiale. Mais malgré les descriptions crues, c'est bien l'espoir qui est porté grâce aux progrès scientifiques amenés par Pierre et Marie Curie.
Et pourtant, le personnage de Marie Curie reste légèrement en retrait dans ce roman. Son mari Pierre est mort en 1906, nous apprenons seulement qu'il est décédé d'un accident sans plus de précision, cet épisode tragique restant traumatisant pour son épouse. Ici, ce sont bien les deux filles du couple qui sont à l'honneur : l'aînée Irène (17 ans) et Eve (10 ans). Très complices au quotidien, un trait essentiel les sépare : Irène est une scientifique dans la lignée de ses célèbres parents ; Eve a l'impression d'être le vilain petit canard préférant la musique et la littérature. Comment se construire quand on ne suit pas la voie toute tracée de sa famille ? Tout naturellement, Irène s'engage aux côtés de sa mère pour radiographier à longueur de journées les centaines et milliers de blessés qui arrivent chaque jour à l'hôpital. Toutes deux sont au contact des atrocités dues à la guerre et elles doivent en plus faire face aux résistances de certains hommes du milieu médical qui voient d'un mauvais œil ces appareils à rayons X et le fait qu'ils soient utilisés par des femmes.
Finalement, Eve saisit au bon moment une chance de se démarquer, de s'affirmer tout en contribuant à sa façon efficacement à l'effort de guerre. En devenant la marraine d'un soldat, ici Albert, elle apporte soutien, réconfort et colis indispensables à un homme qui souffre sur le front. Comme quoi, les progrès scientifiques et médicaux ont bien sûr été d'un secours énorme pour sauver de nombreuses vies ; le soutien direct aux poilus l'a été tout autant.
Un récit magnifiquement mené qui accorde autant d'importance aux trois protagonistes et qui s'appuie essentiellement sur la correspondance entre Marie et ses deux filles. A la fin du roman, l'auteur précise les points fictifs et réels. S'ensuit un petit dossier revenant sur les destins d'Irène et Eve, une chronologie et des explications complémentaires sur la radioactivité.
Sur le thème de la Première Guerre mondiale, le roman D'un combat à l'autre : les filles de Pierre et Marie offre un regard original sur ce conflit.