Grâce à son père qui est sous-intendant du Jardin des Plantes à Paris, Charles vit au cœur de ce sublime parc et tout proche de la ménagerie où il aime aller se ressourcer.
En 1943, l'occupation allemande est toujours aussi pesante. Charles admire en secret les résistants dont il suit les actions grâce à certains journaux clandestins.
Mais du haut de ses 12 ans, comment faire ? Charles aimerait agir mais ce n'est pas si simple, surtout avec son père qui le reprend sans arrêt pour oui ou un non. A lui de se montrer discret pour gagner la confiance des adultes.
Citations "Quand Charles revient dans la cuisine, le petit paquet marron a été ouvert, il est posé au centre de la table, toute la famille a les yeux braqués dessus.
- Ca aussi, tu l'as volé ? demande le père d'une voix étranglée.[...]
- Charles, je veux une explication, immédiatement.[...]
Le cerveau de Charles envoie des SOS tragiques et tonitruants à son imagination, mais rien ne vient. Il n'avait pas pensé qu'à la vue d'une telle merveille, on allait lui chercher des noises plutôt que de l'acclamer, de le porter en héros, de se jeter sur la poêle, [...]. Il n'a pas préparé le moindre mensonge. Il aurait pourtant pu s'y attendre, en vrai, à ce que son père trouve à redire, chipote, gâche le bonheur des autres, comme d'habitude.
Soudain, Charles n'est plus un héros, ni un sauveur ni un homme. [...] La colère monte en lui dans une version beaucoup moins froide que celle de son père. Et beaucoup plus explosive, de fait.
- Merde ! Merde ! Merde ! J'en ai marre, marre, marre. T'as qu'à en ramener, toi, de la viande !
C'est vrai, quoi ! Si son père prenait son courage à deux mains, mettait son mouchoir sur sa sacro-sainte honorabilité, il ferait comme d'autres, il trafiquerait, il trouverait de la viande ou des œufs ou du beurre au marché noir. Les pères de certains de ses copains de classe le font. Mais non, son père à lui ne veut pas se salir les mains ; résultat, c'est lui qui s'est retrouvé à marchander avec une saleté de Schleu et ça ne lui vaut que de se faire enguirlander. C'est injuste !" p. 49-50
L'avis d'Histoire d'en lire
Pendant le confinement du printemps 2020, Florence MEDINA lance une idée : organiser, en visio, un atelier d'écriture avec les enfants de ses collègues. Le projet devient un feuilleton littéraire "sur-mesure" pendant lequel neuf enfants travaillent de manière directe avec l'autrice pour définir les grandes lignes du récit et discuter du déroulement de l'intrigue.
Un défi pleinement réussi avec ce roman sur le sujet des enfants résistants pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le contexte de la guerre
Charles et sa famille ont la chance de vivre dans l'enceinte du Jardin des Plantes. Un lieu propice aux déambulations nocturnes pour le jeune Charles, qui a la double chance d'avoir son propre petit cabanon pour la belle saison. De là, à fureter régulièrement pendant la nuit, il va être témoin de beaucoup de choses...
Car malgré le cadre de rêve, l'armée allemande occupe la capitale et est partout... même au Jardin des plantes. Charles raconte les restrictions alimentaires, l'omniprésence des soldats, son doute dans l'attitude à adopter envers eux. Comment se comporter en face d'un gradé allemand lorsqu'on a 12 ans, qu'on rejette intimement cette occupation mais qu'on veut aussi se protéger ?
Et puis, Charles est très critique vis à vis de ses proches, et notamment son père qui reste très discret, qui ne cherche pas à remettre en cause cet état de fait, à défendre son honneur.
Dès lors, s'engage tout une intrigue autour de la notion de résistance. Que peut faire Charles à son âge ? Etre un simple messager n'est-il pas un peu réducteur comme acte de résistance ? Un petit dossier "En savoir plus" en fin de livre apporte des informations complémentaires sur la résistance. L'historien Thomas Rabino retrace les grandes étapes de la mise en place de la résistance, d'abord très éclatée sur le territoire et qui s'unifie petit à petit, notamment grâce au général de Gaulle.
Une écriture dynamique
Dès les premières pages, on se rend compte que Florence MEDINA veut happer le jeune lecteur en l'interpellant à quelques reprises.
Accessible dès le cycle 3, ce livre est écrit au présent pour une plus grande accessibilité et pour que le lecteur s'immerge plus facilement dans le quotidien de Charles à cette époque.
Une narration omnisciente est presque étonnante, tant on se serait attendu à ce que ce soit Charles qui raconte. Malgré tout, c'est bien lui qu'on suit principalement tout au long de ce récit.
Et puis, cette narration permet de définir des notions historiques directement dans le texte pour en faciliter la compréhension.
Charles, 1943 est un roman historique très bien construit, vivant, instructif sur la Seconde Guerre mondiale.
Parce que les enfants aussi ont été des héros de la guerre.