Devenu orphelin en 1908, Jean part vivre près de Thiers, chez un paysan du Forez, émouleur de métier. Toute la famille travaille à la fabrication des lames de couteau qui sont ensuite envoyées aux couteliers et qui font la fierté et la notoriété de toute une région. Violette, sa cousine, est tout de suite touchée par le caractère et la sensibilité de Jean. Mais le garçon n'est pas comme les autres. Déjà profondément meurtri, il continue d'autant plus à exprimer sa colère, ses sentiments à travers ses poèmes et chansons. En 1914, Jean a l'âge de partir sur le front. Mais jamais il ne départira de ses révoltes permanentes contre les injustices.
L'avis d'Histoire d'en lire
La Chanson interdite, 1917 est un livre extrêmement touchant. Violette raconte le parcours de Jean, se souvient du jeune homme qu'elle a connu, aimé, qu'elle devait épouser et qui a été exécuté en 1917. Déjà, sa façon d'écrire, de raconter nous émeut, elle se souvient, et s'adresse régulièrement à celui qui n'est plus.
Jean a été un garçon très tôt meurtri. Il a perdu son instituteur, puis ses parents, son chien. Jean a beaucoup de colère en lui et toute cette colère s'exprime par une ténacité sans faille et à travers ses poèmes et chansons qu'il imagine chaque jour. Jean devient émouleur comme son père adoptif et apprend à manier la meule aussi bien que sa langue et ses mots. Pour Jean, la poésie est la plus grande liberté de l'homme.
Violette décrit aussi les magnifiques paysages du Forez, une région nichée entre montagne et vallée, loin des tracas du reste du monde. Et pourtant, la guerre rattrape là aussi les habitants. Le caractère de Jean reste intact sur le front, Violette reprend certains passages de leur correspondance. Il a ce besoin de faire sortir toute l'atrocité du quotidien des soldats, l'horreur de la guerre et des tranchées. Mais cette colère ne sort pas que sur le papier, elle est communicative face aux décisions irréfléchies du commandement français. A travers ce roman, Eric Simard rappelle les mutineries des soldats français en 1917 et attribue la paternité de la Chanson de Craonne à Jean.
C'est un roman très fort par son sujet, son écriture et la personnalité même de Jean. Même si l'auteur réel de cette chanson interdite n'a jamais été connu et qu'il est fort probable qu'il s'agisse de plusieurs personnes, j'ai trouvé intéressant et opportun d'associer cette création au personnage de Jean qui assumera son esprit de rébellion et son appel à la liberté jusqu'au bout.
Le dossier propose ensuite plusieurs acrostiches et un exemple de messages codés.