Eté 1919, la guerre est terminée depuis presqu'un an mais chaque famille vit avec le deuil. La vie est bien morose, les femmes doivent travailler dur pour combler l'absence des hommes morts au combat. Dans leur village, le travail manque, la misère est grande pour chacun. Mérine, la mère d’Éliane, fait donc le choix de partir s'installer à Blois avec ses enfants. Là, elle y trouve un travail au bateau-lavoir. Éliane, qui vient d'avoir 11 ans, doit elle aussi travailler pour faire vivre la famille. Pourtant, à l'école, elle est bonne élève et sa maîtresse, mademoiselle Sevestre, souhaiterait qu'elle poursuivre pour devenir institutrice, un rêve pour Éliane.
Eliane ne parvient pas à apprécier cette nouvelle vie à Blois. D'autant plus qu'elle doit supporter la présence de son beau-père, ivre quotidiennement. La confrontation est permanente entre eux. Eliane a promis à son père qu'elle trouverait le bonheur mais c'est si difficile. Elle doit également s'occuper de sa mère malade, l'aider au bateau-lavoir. Sauf que quelques mois plus tard, Mérine donne naissance à une petite fille, demi-sœur d’Éliane ! A côté de cela, la jeune femme devient apprentie chez une couturière qui lui apprend bien quelques rudiments mais lui impose surtout de s'occuper de sa vieille mère. Éliane est la bonne à tout faire. Où est donc le bonheur qu'elle espère tant ? Peut-être avec Pierre, ce jeune homme qu'elle rencontre lors du mariage de son beau-frère ?
L'avis d'Histoire d'en lire
Le Bonheur d’Éliane est la suite de La Guerre d’Éliane, de Philippe Barbeau. L'auteur poursuit le récit de sa propre mère, ici dans l'après-guerre, de 1919 à 1922.
Très clairement, Éliane n'a pas eu d'enfance et a du assumer trop vite des responsabilités d'adulte : s'occuper de sa mère, de ses frères et sœurs, travailler pour aider à faire vivre la famille. Même s'il s'agit d'une histoire personnelle, on sent bien que Philippe Barbeau nous raconte le vécu de nombreuses familles, dans ce contexte d'après-guerre. Les hommes manquent pour le travail, dans le cœur des familles. Les femmes élèvent seules leurs enfants, ceux-ci sont d'ailleurs mis à contribution très tôt.
On a réellement pitié d’Éliane, de tout ce qu'elle endure au quotidien, de la mésentente qu'il y a avec son beau-père. Comment accepter cet homme qui veut prendre la place de son père, qui ne contribue même pas à apporter de quoi vivre à la famille mais qui rentre ivre tous les jours ? Où est donc Le Bonheur d’Éliane comme l'indique le titre ? Ce roman est bien une quête du bonheur, mais la jeune fille n'y est pas encore parvenue. Toutefois, la fin laisse une ouverture là-dessus et apporte de l'espoir.
Le Bonheur d’Éliane a été écrit en 1998, puis réédité en 2006. Malheureusement, lui aussi est désormais épuisé.