En 1920, Balto, quatorze ans, vit dans la Zone, loin des beaux quartiers de Paris. Voilà longtemps qu'il n'a plus eu de nouvelles de son frère de cœur, Victor, parti combattre sur le front pendant la guerre. Victor a été condamné à mort en 1917 pour rébellion mais il a pu s'échapper juste avant d'être exécuté. Depuis, il vit caché.
Alors quand Balto reçoit enfin un courrier de sa part, il se précipite au rendez-vous. Mais c'est un cadavre qu'il découvre, celui de Timoléon Escartefigues, réparateur de vélos et ancien compagnon de régiment de Victor. Une journaliste stagiaire se trouvait là également et a photographié Balto. Depuis, il est recherché par la police qui le croit coupable de meurtre.
L'adolescent rencontre la jeune journaliste et s'associe avec elle pour tenter de démêler toute cette histoire. Il est persuadé de l'innocence de son frère et pourtant, au fil des jours, d'autres soldats du 416e régiment, surnommés les Valets de Cœur, sont tués.
Qui est le coupable ?
Citations "- Toi, tu cherches quoi ? il me demande.
Je croyais avoir été clair mais peut-être pas, en définitive. Pas avec Tadeusz. Et peut-être pas avec moi-même non plus. Je me demande si mon convive veut me tester.
- J'aimerais bien savoir s'il y a un lien entre le type assassiné boulevard des Batignolles et Victor.
- Il y a.
Tadeusz me lâche ces trois mots en me fixant bien droit dans les yeux.
- Ah, je dis. Et lequel ?
- Victor il est à l'armée dans le 416. Le régiment.
- Comment tu sais ça ?
- Victor il m'a dit. Pendant une perme. Tu peux regarder ses lettres et quand tu lui écris à la guerre, 416, c'est adresse.
- C'est Madame Gambette qui rédigeait les enveloppes lors des premières années de la guerre, mais si tu le dis.
- Je dis.
- Bon, et alors ? On s'en tamponne du numéro de son régiment.
- Timoléon Escartefigues, le cycliste, aussi il est.
- Au 416e ?
- C'est dans journal.
J'encaisse. Il y a bien un lien. Ça ne m'explique pas grand-chose. Amis ? Ennemis ? Coupable ? Innocent ?" p. 70-71
L'avis d'Histoire d'en lire
Dans le premier tome de la série Balto, Jean-Michel Payet plante le décor et lance très vite l'intrigue.
Une enquête post-conflit Le récit se déroule en 1920, presque deux ans après la fin de la Grande Guerre. Balto, le personnage principal et narrateur, est impatient d'avoir des nouvelles de son frère de cœur, mais il connaît aussi la situation de ce dernier qui doit échapper à la police. C'est donc un jeu de cache-cache permanent qui va tenir le lecteur en haleine tout au long du roman. Et ce n'est finalement qu'un point parmi les autres, puisque Balto va se retrouver mêlé de trop près à une, puis plusieurs affaires de meurtres.
Il va devoir composer avec Emilienne, journaliste stagiaire de 20 ans, pour tenter de trouver qui est réellement l'auteur de ces crimes. Très vite, ils comprennent qu'un lien est à établir avec la guerre. Sauf que la police est bien évidemment aussi sur le coup, c'est un jeu du chat et de la souris permanent.
De là, nous voilà ramenés au vécu de ces soldats du 416e régiment, surnommés les Valets de Cœur. Il n'en reste plus beaucoup pour témoigner de ce qu'ils ont vécu dans les tranchées. Chaque point de détail peut avoir son importance pour tenter de comprendre pourquoi ils sont tués les uns après les autres. Jean-Michel Payet a développé un très bon suspense et nous lance sur différentes pistes. L'étau se resserre, mais le doute persiste jusqu'au bout.
J'ai aimé cette enquête, très bien menée par Balto et Emilienne. Avec son franc-parler typique de la Zone, il dénote complètement au côté de la jeune femme, capable de passer pour une bourgeoise de premier rang. Deux personnages qui s'avèrent complémentaires et dont il y a beaucoup à apprendre tout au long du livre.
Au cœur de Paris
Ce premier tome de Balto nous conduit à travers les différents quartiers de Paris (Paname) : la Zone, espace boueux où tentent de survivre les plus miséreux ; et le cœur de la capitale avec ses cabarets, ses magasins, ses grands hôtels. Les descriptions nous permettent de bien imaginer la réalité de ces deux mondes que tout oppose. Et pourtant, même avec son langage argotique, Balto a beaucoup à apporter à l'enquête. Quelques pages suffisent pour se familiariser avec cette façon de parler. Emilienne et Balto connaissent bien Paris et c'est bienvenue lorsqu'il leur faut semer leurs poursuivants ! On découvre la capitale après la guerre, alors que la vie a repris son cours.
J'ai été captivée par cette intrigue et le suspense qui plane jusqu'au dernier moment. Mais je suis un peu déçue de la fin.