Alors que Pétain signe l'armistice en juin 1940 avec Hitler, nombreux sont ceux à refuser l'arrêt des combats et surtout l'Occupation allemande. Des hommes et des femmes entrent en résistance, pour lutter à leur façon. Ils s'appellent Paul Éluard, Louis Aragon, Robert Desnos, Jean Cassou, Eugène Guillevic, Joseph Kessel, Maurice Druon, Marianne Cohn, René Char. La plupart d'entre eux ont dû entrer dans la clandestinité pour publier leurs textes. Certains ont payé de leur vie leurs actes de résistance, d'autres ont survécu.
Citations
"Bretagne
Il y a beaucoup de vaisselle,
Des morceaux blancs sur le bois cassé,
Des morceaux de bol, des morceaux d'assiette
Et quelques dents de mon enfant
Sur un morceau de bol blanc.
Mon mari aussi a fini,
Vers la prairie, les bras levés,
Il est parti, il a fini.
Il y a tant de morceaux blancs,
De la vaisselle, de la cervelle
Et quelques dents de mon enfant.
Il y a beaucoup de bols blancs,
Des yeux, des poings, des hurlements,
Beaucoup de rire et tant de sang
Qui ont quitté les innocents."
Exécutoire, Eugène GUILLEVIC, 1947. p. 49
L'avis d'Histoire d'en lire
Ils ont vécu au temps de la Seconde Guerre mondiale et la plupart de ces poètes publiaient déjà avant la guerre.
À leur manière, avec leurs mots, Éluard, Aragon, Desnos, Cassou, Guillevic, Kessel, Druon, Cohn et Char ont résisté à l'ennemi allemand et se sont clairement opposés à l'Occupation.
Le recueil Au nom de la liberté : poèmes de la Résistance regroupe dix textes, à raison d'un ou deux poèmes par auteur. Certains sont parmi les plus connus sur cette période :Liberté de Paul Éluard, Le Chant des partisans de Joseph Kessel et Maurice Druon, Je trahirai demain de Marianne Cohn.
Ce petit livre, destiné spécifiquement aux collégiens et surtout ceux de 3e, présente chaque poète ou poétesse, replace le contexte de l'époque, son engagement dans la Résistance, ce qu'il ou elle est devenu.e. Certains ont survécu à la guerre, d'autres ont été assassinés par les Nazis, déportés et/ou morts en camps de concentration.
Au début du recueil, une dizaine de pages présente la Résistance et la poésie de résistance. Ce sont des éléments clés pour resituer les textes et en comprendre leur portée.
Une chronologie met en regard les événements clés de la Seconde Guerre mondiale et les poètes français et la guerre.
Après chaque poème, des pistes et d'autres lectures sont proposées pour aller plus loin. Et enfin, un grand dossier qui développe plusieurs points : la poésie et la vie ; la poésie engagée en question ; poésie anonyme, poésie du passé et poésie engagée et un glossaire des figures de style.
Un très bon petit livre qu'on peut lire comme on le veut. Intégralement, avec toutes les notes, le dossier et les photos. Uniquement en s'intéressant aux poèmes en eux-mêmes. Sans les éléments contextuels. Les possibilités sont multiples.
J'ai été très touchée par certains poèmes : Bretagne de Guillevic, Je trahirai demain de Marianne Cohn et bien sûr Liberté de Paul Éluard. La puissance des mots est très importante et pouvait apporter beaucoup dans cette période si sombre.