Malgré tout l'amour que lui porte Etienne, Catherine préfère revenir à Paris, à la Maison de Sèvres. Elle y retrouve Jeannot, Goéland et Pingouin et les enfants qui sont hébergés là-bas. Avec l'appui de la directrice et de son mari, Catherine travaille comme reporter-photographe mais, faute de mieux, se cantonne à des reportages photos pour des magazines féminins. A cette période des années 1950, les portes sont encore fermées aux femmes pour couvrir des sujets plus sérieux. Mais Catherine ne baisse pas les bras. Ses rencontres avec l'écrivaine Simone de Beauvoir, puis la chanteuse noire américaine Mavis vont être déterminantes pour elle.
Citations "Je suis à la fois heureuse de toutes ces nouvelles mais aussi un peu déconcertée. Je me rends bien compte qu'on me cantonne au monde de la presse féminine, et même si cela s'avère parfois intéressant, c'est le plus souvent frustrant.
Goéland ne peut s'empêcher de me donner son avis sur le tour que prend mon travail, et j'en suis troublée et même un peu véxée à vrai dire.
- Intéressantes, tes photos : femmes au foyer, femmes faciles, douces mamans, femmes en quête d'hommes. En voilà de belles images. Même les mères sont des poulettes élégantes, pas trace de bouillie ou de vomi sur leurs épaules bien ourlées. Toutes des minettes maigrichonnes qui doivent se priver de manger pour être choisies. Ca ne te dérange pas trop de montrer les femmes comme de beaux objets bien habillés, bien sages, bien propres, bien obéissants ? Pfft, j'espérais un peu plus de jugeotte de ta part." p.48-19
L'avis d'Histoire d'en lire
Au nom de Catherine fait suite au roman La Guerre de Catherine. La guerre est terminée et ce récit se déroule dans les années 1950. Une nouvelle fois, Julia Billet s'inspire du vécu de sa mère mais Catherine s'affranchit peu à peu.
Le contexte de l'après-guerre
Catherine Colin, de son vrai nom Rachel Cohen, est juive et grâce au dévouement de Goéland et Pingouin, elle a échappé aux rafles des Nazis. Devenue une jeune fille, elle a quitté la Maison des enfants de Sèvres pour la province mais fait le choix d'y revenir bien vite. Pingouin lui a tant appris sur la photographie, Catherine rêve de devenir reporter et de témoigner des grands événements du monde grâce à ses photos. Narratrice de ce récit, elle cherche des reportages intéressants mais se retrouve cantonnée à faire des photos pour la presse féminine. Dans les années 1950, le milieu du journalisme est largement masculin, Catherine n'est pas prise au sérieux et peine à se faire une vraie place.
Mais le mouvement féministe commence petit à petit à se faire entendre, notamment par la voix de Simone de Beauvoir, que Catherine a la chance et l'honneur de rencontrer.
La ségrégation aux Etats-Unis
Outre Simone de Beauvoir, la jeune photographe rencontre une autre femme qui va changer sa destinée : Mavis. Elle est une chanteuse noire américaine, elle a fui les Etats-Unis à cause de la ségrégation raciale et s'est installée à Paris. Mais même en France, les regards qui se posent sur elle sont lourds de racisme. Pourtant, Mavis dit jouir d'une plus grande liberté. Catherine veut comprendre davantage la situation aux Etats-Unis. C'est un rêve d'aller là-bas et de pouvoir travailler sur un reportage sur la ségrégation.
Un récit peu prenant
Catherine a beaucoup souffert de la guerre, de la perte de sa famille et elle le mentionne évidemment. Dans ce roman sur l'après-guerre, Julia Billet a choisi de s'affranchir de certaines exactitudes historiques et l'explique en fin de livre. Catherine évolue dans un cadre ajusté pour l'occasion mais croise des personnages et des situations qui ont réellement existé. Ce roman est très détaillé sur ce contexte, Catherine a beaucoup mûri et s'est affirmée en tant que jeune femme indépendante et libre de ses choix, alors qu'il y a encore tant à faire pour la condition des femmes. Elle peut être fière d'elle et sait qu'elle doit beaucoup à tous ceux qui l'entourent. Mais même si son discours est très riche, je n'ai pas été autant emporté qu'avec le précédent roman. Le style est très linéaire et descriptif.