En 1989, Justine âgée de 63 ans, vient de perdre son mari d'un cancer foudroyant. Elle peine à sortir de cet état de tristesse et accepte l'invitation de sa cousine Marie qui vit en Allemagne. Le Mur de Berlin est tombé depuis peu et le pays est désormais réunifié.
Incitée par sa cousine, Justine raconte ses souvenirs de la Seconde Guerre mondiale. Tout en travaillant comme secrétaire à la Kommandantur de son village, Justine aidait beaucoup un réseau de résistance dirigé par le curé. Elle n'avait alors que 17 ans. Et puis, Justine tombe amoureuse d'un soldat allemand. Ils se plaisent tout de suite. Lui est en France par obligation, il déteste la guerre. Mais bien sûr, leur relation doit rester totalement secrète car cela pourrait être considérée comme de la haute trahison ! Et puis, le Débarquement a lieu et les villes françaises sont progressivement libérées. Les vaincus, ceux qui n'ont pas encore fui, sont arrêtés et emprisonnés. C'est le cas de Franck, l'amour de Justine. Leur relation est découverte, les parents de Justine rejettent leur fille mais celle-ci échappe malgré tout à la tonte, cette humiliation subie par toutes les femmes françaises ayant eu des relations avec des soldats allemands. A partir de là, Justine ne sait pas ce qu'est devenu Franck.
L'avis d'Histoire d'en lire
Pour aborder la Seconde Guerre mondiale, Florence Delaporte a choisi de placer ses personnages directement en 1989, après la chute du Mur de Berlin. On voit là tout le symbolisme de ce cadre. Justine vient visiter sa cousine qui vit en ex-Allemagne de l'Ouest. La réunification est en cours, mettant définitivement fin aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale. La population s'attache donc désormais à oublier les stigmates du passé, alors que Justine entreprend finalement de revenir sur son adolescence, qu'elle a vécu en pleine guerre, en France.
Et elle raconte en détails son amour de jeunesse avec ce soldat allemand. Malgré son âge, ses souvenirs sont aussi frais et vivants que si cela venait tout juste d'avoir lieu. Sa cousine Marie intervient mais finalement peu, laissant l'impression d'un long monologue de Justine. Pendant l'Occupation allemande, un certain nombre de femmes françaises a effectivement eu des relations avec des soldats allemands. Cela devait rester secret autant que possible puisque les Français les considéraient comme des traitresses à leur pays ! D'où l'humiliation qui s'en est suivie à la fin de la guerre avec la tonte de ces femmes. Les priver de leurs cheveux, symbole féminin de séduction, était pire que la mort ! Pourtant, comme Justine, certaines ont vécu de belles et vraies histoires d'amour, où la nationalité de l'autre n'avait aucune importance et ne signifiait surtout en aucune façon qu'il y avait collaboration avec le pays ennemi. Avec le recul, comment prendre partie ? L'amour n'a pas de frontière, et pourtant il s'agissait là d'une période de guerre entre deux nations ennemies depuis longtemps. D'où le titre tout simple du roman qui résume parfaitement ces deux aspects : Amour ennemi. La première de couverture renforce également ce sujet avec la rose blanche, symbole de l'amour pur sur la croix gammée nazie.
Même si Justine reste donc la principale à intervenir, son récit touche le lecteur. On se met facilement à la place de sa cousine Marie et on a l'impression d'être assise à ses côtés, à l'écouter raconter tout ce vécu, si fort, si poignant.
La fin était largement prévisible, c'est quelque chose qu'on a déjà pu retrouver dans d'autres romans historiques abordant ce sujet. Cela reste quand même une belle manière de clore l'histoire.