Alice Mercier a 15 ans, quand la guerre débute en septembre 1939. Avec ses parents et son petit frère Louis, elle est contrainte de quitter Paris et de partir sur les routes, alors que les Allemands approchent de la capitale. La famille revient chez elle après la capitulation et subit, comme tous, l'occupation allemande.
Comment réaliser ses rêves quand il faut subir l'omniprésence des Nazis ?
Du haut de ses 15 ans, elle est bien décidée à ne pas rester passive et à mobiliser autour d'elle.
Mais devenir résistante n'est pas sans risque. Elle peut être dénoncée à tout moment et risquer la déportation.
Citations "- On ne peut pas effacer toute l'histoire de France en quelques mois ! On ne peut pas défigurer Paris comme ça !
D'une main, je m'essuie les joues. Je ne veux pas pleurer à cause d'eux.
- Va falloir s'y faire, dit le chauffeur. Paris est devenue une annexe de l'Allemagne, et croyez-moi, c'est pas près de changer. Suffit d'allumer la radio.
- Ça dépend quelle radio, murmure Maman.
Je repense à l'appel du 18 juin, à la voix du général de Gaulle sur les ondes anglaises ; il encourageait la population à faire quelque chose. À ne pas céder à l'occupant. C'est ainsi qu'il a été écouté ? Quelle honte ! Je serre les dents ; je ne dirai plus rien pendant le reste du trajet. Mon mal de ventre est loin de s'être calmé." p. 81-82
L'avis d'Histoire d'en lire
Alice, 15 ans, résistante est un roman inspiré d'une histoire vraie, celle de Michèle Agniel, une résistante française, déportée et rescapée du camp de Ravensbrück qui était réservé aux femmes.
Elle devient ici le personnage d'Alice.
Une famille de résistants
Le roman débute par un prologue dans lequel on découvre Alice et sa mère au camp de Ravensbrück, en Allemagne, en décembre 1944.
Puis, dès le premier chapitre de la première partie, nous revoici en juin 1939, juste avant que la guerre ne soit déclarée.
La famille Mercier vit à Paris et dès le début de la guerre, elle est bien décidée à ne pas subir l'oppression allemande.
Alice, narratrice du roman, a 15 ans en 1939, elle est suffisamment grande pour s'engager elle aussi.
Rédaction et diffusion de tracts, puis accueil d'aviateurs anglais, toute la famille est mobilisée dans un réseau de résistance, pour lutter efficacement.
C'est tout l'objet de la première partie du roman "Résister". Sophie Carquain développe l'engagement de cette famille, leur conscience d'encourir des risques mais leur volonté de ne pas rester sans rien faire.
Et on l'a compris avec le prologue, la famille est arrêtée et déportée. Seul le jeune Louis, le petit frère d'Alice, échappe à l'arrestation et du fait qu'Alice soit la narratrice, il n'y a plus qu'elle et sa mère que nous allons suivre dans la seconde partie "Survivre".
Résister aussi en déportation
Même si l'autrice a fait le choix de marquer les deux parties, parce qu'elles symbolisent les deux grands temps forts dans ce qu'a vécu Alice pendant cette guerre, il y a une continuité évidente : la jeune fille continuera de résister !
Parce que rester en vie malgré la déportation sera un combat permanent pour Alice. La jeune fille montre un caractère volontaire, déterminé. Sa résistance sera celle contre l'humiliation, la faim, le froid, les maladies, la mort.
Alice a des rêves de jeune fille. Ce sont ces rêves qui lui permettront aussi de tenir.
Et très vite, elle doit s'occuper de sa mère. Alice raconte tout ce qu'elles ont vécu et ce dont elles ont été témoin. Ce sont des passages extrêmement douloureux.
À côté de cela parviennent des informations sur le contexte (le débarquement des Alliés, l'avancée des troupes russes, la libération de la France, puis des camps). Même éloignées de tout, Alice et sa mère arrivent à savoir ce qu'il se passe en dehors.
Et le roman est ponctué des lettres qu'Alice adresse à ses proches, à ses amies. Des lettres qui ont été envoyées pour certaines, qu'elle a gardées pour d'autres. Écrire est un exécutoire, et cela va devenir le moyen de témoigner de l'horreur des camps. Alice doit se souvenir des moindres détails pour raconter l'horreur, plus tard.
Un roman poignant sur l'histoire de l'une des rares rescapées du camp de Ravensbrück.