C'est la guerre. La mère d'Adam conduit son garçon dans la forêt. Elle lui promet de venir le chercher le soir ou du moins dès qu'elle aura pu mettre les grands-parents en lieu sûr. Les rafles se poursuivent dans le ghetto, il faut fuir. Du haut de ses neuf ans, Adam ne craint pas la forêt, bien au contraire. Il s'en sent proche et puis, il est parti, équipé d'un sac à dos bien rempli de nourriture, de vêtements et même de quoi faire des premiers soins.
Le même jour, Thomas arrive lui aussi dans la forêt. Comme Adam, sa mère l'a laissé là, lui promettant de venir le chercher le soir. Thomas est dans la même classe qu'Adam mais avant cela, ils ne se fréquentaient pas spécialement. Thomas est le meilleur élève de la classe et à ce titre, il est détesté par les autres. D'un naturel craintif, Thomas a peur de ne pas s'en sortir. Heureusement, Adam prend tout de suite les choses en main. Ils se construisent un nid à la cime d'un arbre. Et leurs mères ne revenant pas, tout deux doivent apprendre à survivre dans la forêt pendant plusieurs mois.
Citations "Thomas rêva que sa mère, assise sur le rebord de son lit, lui lisait un passage de Demian, de Hermann Hesse. À l'heure du coucher, la voix de sa mère se faisait douce et calme, et l'histoire retenait son attention. Thomas eut soudain envie de lui demander : « Pourquoi m'as-tu envoyé dans la forêt, est-ce que c'est pour que je mûrisse ? » La question mit sa mère mal à l'aise. « Je n'avais pas le choix, j'avais peur qu'on te rafle. - Où déporte-t-on les vieux et les enfants ? - Pourquoi poses-tu cette question ? - Il y a plein de rumeurs. Quand la guerre se terminera-t-elle ? - Je ne sais pas, mais dès qu'elle sera finie, je viendrai te chercher. Tu dois t'armer de patience. » p. 49
L'avis d'Histoire d'en lire
Adam et Thomas est le premier et unique roman pour la jeunesse d'Aharon Appelfeld. L'auteur roumain a fait le choix à 80 ans de s'inspirer de son vécu pendant la Seconde Guerre mondiale pour écrire ce roman. Mais il n'a pas voulu écrire un roman sombre, comme il en existe tant. Il a préféré prendre la voie d'un conte.
Toutes les mentions à la guerre sont disséminées et ne sont pas détaillées. Il n'y a aucune date, bien qu'on comprenne que la fin de la guerre est proche. L'auteur a voulu surtout mettre en avant l'aventure de ces deux garçons dans la forêt, leur incroyable courage qui leur a permis de survivre pendant plusieurs mois. Adam et Thomas sont deux garçons qui s'avèrent être très complémentaires. Adam est pragmatique, il utilise à bon escient toutes les ressources de la forêt ; Thomas est davantage rêveur et il se pose beaucoup de questions. Une belle et solide amitié se tisse entre eux. Au fil des semaines et des mois, la situation devient de plus en plus difficile. L'auteur fait alors intervenir une petite fille Mina, qui est aussi dans la même classe que les deux garçons. Dans l'ensemble du roman, elle ne prononce qu'un seul mot mais son personnage est extrêmement important ! Mina apparaît comme leur ange gardien, en leur apportant chaque jour de la nourriture.
L'écriture est extrêmement simple et accessible, elle correspond complètement à celle d'un enfant de 9-10 ans et on entre ainsi très facilement dans l'aventure d'Adam et Thomas. L'environnement de la forêt, le rapport permanent à la nature, aux animaux (avec le chien d'Adam, Miro) nous laisse en plein émerveillement. Et pourtant, la situation des deux garçons est difficile, d'autant plus quand les conditions météo s'aggravent.
Ce roman est à caractère autobiographique mais Aharon Appelfeld a préféré modifier plusieurs choses. Lui-même à cet âge-là a été déporté dans un camp avec son père. Il est parvenu à s'enfuir en se glissant sous les barbelés et a été amené à survivre ainsi plusieurs mois en pleine forêt. Sa mère avait été précédemment assassinée par les Nazis.
L'aspect conte perdure donc jusqu'à la fin avec un dénouement heureux pour plusieurs aspects. J'ai été très touchée.
Une lecture absolument magnifique, tout en douceur, sur un sujet pourtant grave. Un vrai moment de détente mais qui invite aussi à la réflexion sur l'antisémitisme et le rapport à la religion.