La Tour de Jeanne

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Résumé

Jeanne Fradet est née en 1875, dans l'Indre. Elle a grandi à la ferme où travaillaient ses parents pour un métayer. Mais fin 1886, son père meurt d'un accident. Jeanne, sa mère et son grand frère Marcel sont contraints de partir pour trouver du travail ailleurs. Ils choisissent de se séparer pour tenter leur chance dans différents endroits.
Jeanne arrive à Paris début 1887. Elle trouve une place de domestique dans la famille bourgeoise, les Beaupuy. Le travail est difficile et les maîtres ne ratent jamais une occasion pour humilier leur personnel. Jeanne trouve réconfort auprès de Rosalie, avec qui elle partage sa petite chambre de bonne. De là où elle travaille, Jeanne a une vue imprenable sur la tour en fer en construction sur le Champ-de-Mars. Elle rêve de pouvoir y travailler, mais les filles n'y ont pas leur place ! Qu'à cela ne tienne, Jeanne, aidée de son amie Rosalie, devient Jeannot pour réaliser son rêve.

Citations
"- Albert ! On a besoin de filles pour la cantine ?
- Non, désolé.
[...]
Jeanne s'apprêtait à sortir, mais ses pieds firent demi-tour presque malgré elle :
- Et sinon, vous auriez pas un autre travail, pour moi, sur la tour ?
- Sur la tour ?
- Oui...
- Pour toi ? Et qu'est-ce que tu pourrais faire sur la tour ? Balayer les escaliers ?
Les deux hommes pouffèrent en même temps.
- « Du travail pour moi, sur la tour »... imita le dénommé Albert.
- Au moins, elle a pas froid aux yeux, la pisseuse, ajouta l'autre." p. 69-70

L'avis d'Histoire d'en lire

La Tour de Jeanne, c'est l'histoire de l'apogée de la révolution industrielle, symbolisée par la construction de la tour Eiffel en 1889 ; et la condition féminine, qui, elle, ne progresse en rien.

Le XIXe siècle de l'industrie
La Tour de Jeanne est un roman sur la tour Eiffel. Le personnage d'Eiffel, son créateur, n'est, lui, que rarement évoqué.
La jeune Jeanne est émerveillée de cette majestueuse construction, qu'elle a d'abord la chance d'admirer depuis les fenêtres de l'appartement où elle travaille comme domestique.
C'est l'occasion de se plonger plus largement dans cette fin de XIXe siècle et les préparatifs de la grande Exposition universelle qui s'ouvrira en mai 1889. La tour Eiffel doit être le symbole de la révolution industrielle française.
Grâce à Jeanne, travestie en garçon, nous suivons la construction de l'édifice, la précision de ce qui a été imaginé, au millimètre près. C'est aussi l'organisation du travail, la solidarité entre collègues. Les personnages secondaires amènent aussi beaucoup au récit.

Être une femme au XIXe siècle
En prenant pour personnage principal du roman une jeune fille, Florence Medina amène la question de la condition féminine à cette époque.
Les filles étaient exclues de tous les métiers techniques. Elles étaient cantonnées au foyer lorsqu'elles étaient épouses et mères, ou domestiques lorsqu'elles étaient employées. Jeanne entre dans cette seconde catégorie.
Malgré sa tentative, impossible d'entrer comme ouvrière pour la construction de la tour.
Alors le roman aborde la question du travestissement pour accéder à ces métiers d'hommes. S'habiller en homme est formellement interdit et toute femme qui se déguise ainsi peut être emprisonnée !
Jeanne prend donc de gros risques, mais sa volonté est la plus forte. Elle sait, malgré tout, que sa véritable identité peut être découverte à tout moment et qu'elle est contrainte de mentir à ceux avec qui elle se lie.

Par le biais de la fiction, Florence Medina a imaginé qu'une jeune fille aurait pu elle aussi contribuer à l'édification de la célèbre Tour Eiffel.
Un récit bien mené et complété par un dossier documentaire en fin de livre.