Entre le 26 décembre 1868 et le 21 juin 1870, au Kansas, aux États-Unis.
Sarah vit à la campagne, dans le petit village de Spring Hill. Sa cousine Ellie est mariée et vit avec son époux dans une ville, à Topeka. Ne pouvant se retrouver comme elles le voudraient, elles s'écrivent très régulièrement et échangent les dernières nouvelles, leurs amours, leur travail, leur passion, la vie à la campagne pour l'une, tout ce qu'offre la ville pour l'autre. C'est aussi à cette époque que se développe le chemin de fer et que la condition des femmes et des Noirs commence tout juste à évoluer.
Sarah et Ellie n'ont aucun secret l'une pour l'autre et elles s'encouragent mutuellement à réaliser leurs rêves.
Citations "Tu me demandais ce qu'il s'était passé sur le chantier. Rien de bien grave, je te rassure, même si, sur le moment, j'ai été un peu bouleversée. [...] Il y a une nouvelle équipe qui est arrivée pour la relève cet été. Elle comporte plusieurs Noirs. Des affranchis, qui ont gagné le droit de travailler comme des esclaves, mais d'être payés pour cela. J'en ai vu torse nu : certains portent encore des coups de fouet. C'est une vision terrible, Sarah. Mais ce n'est pas là le pire. Il semblerait que ces Noirs touchent un salaire inférieur à celui des autres. Ce qui a suscité un peu de rancœur. Mais pas de la part, non. Ce sont les travailleurs déjà présents sur le chantier qui ont peur que les patrons ne les renvoient pour engager à leur place d'autres ouvriers moins payés. Leur crainte est compréhensible. Mais, au lieu d'exiger que tous reçoivent le même salaire, ils ont décidé de faire peur aux Noirs. Pour les dissuader de revenir travailler." p. 52-53
L'avis d'Histoire d'en lire
Lettres du Kansas est le neuvième roman jeunesse de Mélanie de Coster, mais le premier à offrir un univers historique.
Un roman épistolaire Mélanie de Coster a opté pour la forme du roman épistolaire pour nous plonger aux États-Unis à la fin du XIXe siècle.
Nous suivons la correspondance entre Sarah et sa cousine Elizabeth, dite Ellie. Elles vivent toutes les deux dans l'État du Kansas, la première dans un petit village à la campagne, la seconde dans une ville d'environ six mille habitants. Trois heures de route les séparent à peu près, une distance qui peut nous paraître très peu pour nous mais qui était considérable pour l'époque puisqu'il n'y avait pas de moyen de transport moderne pour la parcourir rapidement.
La fréquence des lettres est assez soutenue et il est finalement rare que beaucoup de temps s'écoule entre deux envois. En l'absence de téléphone, c'est le seul moyen de communiquer facilement avec quelqu'un d'un peu éloigné et les deux jeunes filles sont même ravies que les services postaux aient amélioré leur délai !
La condition sociale au XIXe siècle
Thème central de ce roman, la condition sociale et féminine est au cœur des lettres de Sarah et Ellie. Ellie est mariée à un écrivain, qui cherche à vivre de sa plume. Elle-même essaie de percer dans le milieu du journalisme, encore largement fermé aux femmes. Pourtant, à force de ténacité, elle a réussi à trouver un rédacteur en chef qui lui fasse confiance et lui permette d'écrire sur les sujets qui lui tiennent à cœur. C'est rare et sa venue en certains endroits pour prendre des renseignements n'est pas toujours vu d'un bon œil.
De son côté, Sarah repousse tous les prétendants qui se présente à elle, alors que ses parents la voudraient déjà mariée. Elle aspire à une vie libre et ne veut pas être enfermée dans un rôle de femme de maison et de mère. Petit à petit, Sarah se découvre une passion pour la mode, non pas comme couturière mais comme créatrice. Là aussi, l'autrice vient toucher à un sujet encore délicat. Quel besoin de créer des vêtements plus simples à porter ? Plus beaux ? Pourtant, même si c'est très lent en milieu rural, les mentalités commencent tout doucement à évoluer. Sarah pourrait avoir un avenir tout tracé.
Cette correspondance permet de s'immerger dans le contexte de ce XIXe siècle américain. Je suis toujours sensible aux romans qui abordent la condition féminine, quelque soit l'époque, mais je trouve qu'il est ici trop question des amours de l'une et l'autre des personnages. Les rebondissements à la fin n'ont pas suffi à apporter un nouveau souffle.