Je suis une esclave, journal de Clotee, 1859-1860

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Résumé

1859. Clotee est une jeune esclave dans une plantation de coton en Virginie. Elle travaille à la cuisine de la Grande Maison des Henley, ses propriétaires. Le travail est très dur, les coups pleuvent sans raison. Sa mère a été vendue quelques années auparavant, elle trouve donc du réconfort auprès de tante Tee, la cuisinière, esclave elle aussi. Mais Clotee n'est pas une esclave comme les autres ; elle a un secret. Lorsque son jeune maître William prend ses leçons, elle a pour devoir de l'éventer. Très discrètement, Clotee apprend ainsi à lire et à écrire. Quand elle fait le ménage dans la maison, elle s'arrange pour prendre des vieux papiers et de l'encre et s'est ainsi constitué un journal intime, qu'elle rédige en cachette.

Un nouveau précepteur, Mr Harms, arrive justement pour William, alors que celui-ci s'est gravement blessé, suite à une chute de cheval. En plus de l'éventer, Clotee lui masse quotidiennement les jambes et est au plus près de lui pour suivre les leçons. Mr Harms a parfaitement compris que Clotee avait appris à lire et à écrire mais il ne la dénonce pas. Bien au contraire, la jeune fille apprend que cet homme est un abolitionniste et qu'il aide les esclaves à s'enfuir par le "chemin de fer souterrain" ralliant la route du Nord et bien sûr la liberté.

L'avis d'Histoire d'en lire

A la fin de son texte, Patricia McKissack explique que Clotee Henley a réellement existé et que son histoire est justement connue grâce à l'interview réalisée par une étudiante en 1939. Clotee est alors âgée de 92 ans. Et elle met effectivement à disposition de la jeune femme ses journaux intimes, ses photos, ses documents d'époque.

L'auteure s'est donc plongée dans cette histoire vraie et a tout simplement choisi de nous la faire connaître comme Clotee l'a fait elle-même : par le biais d'un journal intime. Clotee est une esclave mais son travail dans la maison de ses maîtres lui a permis d'apprendre seule à lire et à écrire. Or, c'est un secret qu'elle doit bien garder car elle pourrait être très sévèrement punie si ses maîtres venaient à l'apprendre. Les esclaves n'étaient pas autorisés à s'instruire, pour ne pas développer leur capacité de réflexion et donc leur désir d'évasion.

Clotee écrit de manière phonétique et selon son propre langage. On peine donc parfois à bien lire ce récit, on trébuche régulièrement sur les phrases, du moins au début ; on s'imprègne ensuite rapidement du style d'écriture de Clotee et on ressent d'autant mieux tout ce qu'elle veut nous transmettre. La jeune esclave décrit ainsi son quotidien dans la maison de ses maîtres, auprès des autres esclaves. Le travail est difficile, les conditions de vie tout autant. Les maîtres s'arrangent pour faire miroiter de belles choses à des esclaves, prêts à dénoncer leur semblable pour un beau foulard, voire même la liberté ! Et puis, la violence envers eux est quotidienne. Les gifles pleuvent, sans raison, les coups de fouet ; les esclaves doivent encaisser sans jamais rien dire.

Mais Clotee est une fille intelligente. En ayant appris à lire et à écrire, elle a considérablement développé son esprit critique. Elle lit les journaux qu'elle trouve chez son maître et apprend l'existence des abolitionnistes. Elle aussi veut le devenir. Elle aspire à la liberté, sans bien comprendre encore toute la portée de ce mot.

Je suis une esclave : journal de Clotee, 1859-1860 est donc à la fois le récit de vie d'une esclave sur une plantation de Virginie et la reconstitution d'un contexte historique précis et très bien documenté, alors que l'abolition de l'esclavage se précise.

Quelques pages à la fin du livre apportent justement des précisions sur la vie en Amérique en 1859 et la guerre de Sécession qui s'annonce.

Première année d'édition : 2005

A lire aussi, d'autres chroniques du roman Je suis une esclave de Patricia C. MCKISSACK :
- Je suis une esclave sur le blog Un livre, une histoire
- Je suis une esclave sur le site Ricochet
- Je suis une esclave sur le blog Reading time.